Le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), porté par Afreximbank, veut accélérer l’intégration financière du continent. L’institution prévoit en effet de lancer cette année « The Africa Currency Marketplace », une plateforme de change dédiée aux devises africaines. Objectif : simplifier les transactions transfrontalières en permettant des échanges directs entre les monnaies locales, sans passer par des devises intermédiaires comme le dollar américain.
D’après Mike Ogbalu, PDG de PAPSS, cette initiative devrait révolutionner les échanges commerciaux en Afrique. « Notre système s’adaptera intelligemment aux utilisateurs : un commerçant nigérian pourra obtenir du naira, tandis que son partenaire éthiopien recevra du birr, sans qu’une monnaie tierce ne soit impliquée », a-t-il expliqué à Reuters. Les taux de change seront fixés par le marché, PAPSS jouant un rôle de facilitateur en mettant en relation les différents acteurs de l’écosystème monétaire africain.
Ce projet entend répondre à l’un des défis majeurs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) : l’inefficacité des systèmes monétaires, qui freine le commerce intra-africain. De nombreuses entreprises souffrent d’un manque de liquidités en devises étrangères, rendant les transactions complexes et coûteuses. Un exemple frappant en 2023 : faute de devises disponibles, Dangote Cement et Ethiopian Airlines avaient dû conclure un accord d’echange de 100 millions de dollars. Ethiopian Airlines se retrouvait alors avec 180 millions de dollars bloqués au Nigeria, tandis que Dangote Cement ne pouvait rapatrier 300 millions de dollars depuis l’Éthiopie.
Avec l’intégration de 150 banques commerciales dont Vista Group Holding en octobre 2024 et 15 banques centrales, PAPSS veut offrir une alternative plus efficace et réduire la dépendance aux monnaies extérieures. « The Africa Currency Marketplace » s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large d’intégration économique, en posant les bases d’un commerce transfrontalier fluide et en renforçant l’autonomie financière du continent.
Par Amhed Coulibaly
