samedi 8 novembre 2025

Agro Finance Africa : Un nouveau modèle de financement pour la souveraineté alimentaire en Afrique

À l’initiative de la vice-présidente d’Agro Finance Africa, Liliane Marat Massala, et par ailleurs directrice générale de Moza Consulting, l’Hôtel Intercontinental de Paris Le Grand a abrité une conférence le vendredi 7 février 2025. Les acteurs ont discuté de la problématique de la sécurité alimentaire et de l’emploi des jeunes en Afrique.

L’Afrique dispose de vastes terres agricoles et d’une population majoritairement jeune, des atouts qui pourraient faire d’elle un leader mondial de l’agriculture durable et même un grenier nourricier pour le reste du monde. Cependant, les questions de financement constituent un véritable handicap. C’est pourquoi Liliane Marat Massala, vice-présidente d’Agro Finance Africa et également directrice générale de Moza Consulting, a initié une conférence sur la sécurité alimentaire et l’emploi des jeunes.

L’objectif de cette conférence est, en effet, de développer la sécurité alimentaire dans l’aviculture, la pisciculture, le maraîchage, les céréales et bien d’autres domaines. Elle vise également à favoriser la création massive d’unités de transformation PME avec une alliance Transformateurs & Producteurs et à permettre aux agriculteurs d’accéder au capital des unités de transformation de leurs produits. La conférence, tenue à l’Hôtel Intercontinental de Paris Le Grand, avait pour thème : « Agriculture et Sécurité Alimentaire en Afrique : Financement et Formation pour Libérer le Potentiel des Jeunes et Stimuler l’Emploi ».

L’initiatrice de la conférence, rappelant quelques statistiques sur l’Afrique, a indiqué que le continent compte 19,7 % de sa population souffrant de la faim, soit près du double de la moyenne mondiale. Pour l’Afrique subsaharienne, 13 % des enfants souffrent de malnutrition aiguë. Pendant que les pays africains s’apprêtent à dépenser 69 520 milliards FCFA (110 milliards de dollars) en importations alimentaires en 2025, le manque de financement pour l’agriculture sur le continent s’élève à 63 200 milliards FCFA (100 milliards de dollars), selon un rapport de la BAD. À l’entendre, la population jeune de l’Afrique devrait doubler d’ici 2050 pour atteindre plus de 830 millions de personnes. Ainsi, selon l’initiatrice, qui fut également ambassadrice du Gabon en France, la conférence permettra de mobiliser des financements inclusifs et innovants, de renforcer les formations techniques et professionnelles ainsi que de favoriser un environnement propice à l’entrepreneuriat agricole.

Liliane Marat Massala, vice-présidente d’Agro Finance Africa et également directrice générale de Moza Consulting

Lors de cette conférence, quatre questions majeures ont trouvé leurs réponses à travers plusieurs interventions. Il s’agit de savoir comment assurer la souveraineté alimentaire en Afrique face aux défis économiques et climatiques. La deuxième question concerne les modèles de financement pouvant soutenir les agriculteurs et stimuler l’innovation. La troisième est en lien avec les formations et la manière de les structurer et les adapter afin de favoriser l’accès des jeunes aux métiers de l’agriculture et de l’agro-industrie. Quant à la dernière, elle interroge le rôle stratégique de la diaspora dans la transformation du secteur agricole.

À cet effet, deux tables rondes ont été organisées au cours de la conférence. La première s’est articulée autour du thème « Sécurité Alimentaire : Construire une Afrique autosuffisante avec des producteurs et des transformateurs engagés dans une démarche de souveraineté alimentaire ». La seconde a porté sur la mobilisation des compétences et des capitaux.

La particularité d’Agro Finance Africa

Relativement à la problématique des investissements dans le secteur agricole, le président d’Agro Finance Africa, Michel Fossaert, a fait savoir que l’objectif de sa structure est d’investir là où les banques n’osent pas, afin de parvenir à une transformation de l’agriculture africaine. Pour lui, la transformation des produits agricoles permettra non seulement d’assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire, mais surtout d’offrir des sources de revenus importantes aux populations. Ainsi, Agro Finance Africa a développé une approche différente de celle des banques : pas de demande systématique de garanties avec un apport initial évalué au cas par cas.

Les leviers de financement sont la prise de participation au capital et le prêt. Le premier contient une entrée et une sortie planifiée, et le second s’étale généralement sur cinq ans. Au terme de la conférence, Agro Finance Africa a lancé le Fonds d’investissement à impact SOLIPAR. Michel Fossaert explique que l’idée d’Agro Finance Africa est de disposer de ses propres instruments financiers, indispensables pour attirer les investisseurs et épargnants. Un modèle qui minimise également les contentieux.

Michel Fossaert, President de Agro Finance Africa à l’extreme gauche

L’action d’Agro Finance Africa part du fait que la majorité des agriculteurs en Afrique n’ont pas accès aux équipements nécessaires et vivent par conséquent dans la pauvreté. Pour renverser cette tendance, le président Michel Fossaert a relevé qu’Agro Finance Africa met en place des solutions financières permettant aux agriculteurs volontaires de devenir actionnaires partiels de leurs unités de transformation. À ces solutions s’ajoutent les mécanismes de financement hybride ou blended capital, permettant aux agriculteurs d’augmenter leur part dans le capital de ces unités.

Une opportunité pour l’Afrique et particulièrement pour le Burkina

L’agriculture en Afrique emploie plus de la moitié de sa population. Malgré ce nombre important et la richesse des sols, le continent continue d’être nourri par l’extérieur. Avec le modèle financier d’Agro Finance Africa, les pays africains peuvent en tirer parti et parvenir à la souveraineté alimentaire. Pour le cas spécifique du Burkina Faso, le secteur emploie 80 % de la population.
Le gouvernement a lancé l’offensive agro-pastorale et halieutique et l’initiative présidentielle pour la production agricole afin de parvenir à l’autosuffisance alimentaire. Ces initiatives, accompagnées du soutien de l’État aux producteurs, ont porté la production céréalière 2024-2025 à 6 millions de tonnes. Malgré cela, le besoin reste énorme tant au niveau du financement des petits producteurs pour accroître la production agricole que de la transformation. Le modèle de financement proposé par Agro Finance Africa est une aubaine pour le monde paysan burkinabè, qui est toujours en quête de financements adaptés aux secteurs agricoles.

Par Léon Yougbaré

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