jeudi 6 novembre 2025

REMA 2025 : vers une économie musicale structurée et durable en Afrique

Sous le thème « Sahel, un nouvel imaginaire créatif », la huitième édition des Rencontres musicales africaines (REMA) s’est ouverte ce jeudi 16 octobre 2025 à Ouagadougou. Trois jours durant, artistes, producteurs, institutions culturelles et partenaires techniques et financiers réfléchiront à la place de la musique africaine dans la transformation économique du continent.

Fondées par Alif Naaba, artiste burkinabè et entrepreneur culturel, les REMA se positionnent désormais comme un rendez-vous continental de l’économie musicale. Conférences professionnelles, workshops, masterclass, tables rondes et expositions rythmeront cette édition, qui ambitionne de transformer le secteur musical en un véritable levier de développement économique.

« Il y a huit ans, les REMA n’étaient qu’un rêve… Aujourd’hui, c’est un cadre où les acteurs de la musique africaine viennent apprendre, partager, créer et se réinventer », a confié Alif Naaba lors de la cérémonie d’ouverture. Le promoteur a rappelé la vocation originelle des REMA qui est de bâtir un écosystème durable autour de la musique, en alliant créativité et entrepreneuriat culturel.

Alif Naaba, Promoteur des REMA

Dans un contexte marqué par la recherche de diversification économique et de résilience, notamment au Sahel, l’artiste met en avant la dimension économique du thème 2025. « Le Sahel, c’est notre source, notre horizon. Trop souvent décrit à travers les crises, nous avons choisi d’en parler autrement : celui est créatif, qui inspire, qui parle à chacun de nous, qui a le rythme, qui est l’inspiration (…) », a déclaré le promoteur.

Selon lui, les REMA s’imposent ainsi comme un laboratoire d’idées et un marché des possibles, où la formation aux outils numériques, la gestion de carrière et le réseautage professionnel deviennent des piliers de la professionnalisation du secteur musical africain. « Ici, les artistes rencontrent les producteurs, les labels, rencontrent les talents et les idées deviennent des projets » a conclu le Prince aux pieds nus.

La culture, moteur de résilience économique au Sahel

Partenaire des REMA, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a salué la portée du thème. Son représentant-résident, Snehal Vasantlal Soneji, a rappelé que le développement du Sahel passe aussi par la valorisation de son capital immatériel. « Nous accompagnons les communautés pour qu’elles transforment les défis en opportunités » a-t-il rappelé, avant d’ajouter que « la musique et les arts sont des langages universels permettant de guérir, de rapprocher les cœurs et de réinventer ensemble l’avenir du Sahel. »

Snehal Vasantlal Soneji, Représentant résident du PNUD au Burkina

Le diplomate onusien a également insisté sur la contribution de la créativité à la reconstruction économique et sociale dans les zones les plus vulnérables, où les activités culturelles génèrent de nouveaux moyens de subsistance, favorisant l’emploi des jeunes et la cohésion sociale.

Partenaire stratégique de l’événement depuis plusieurs éditions, l’Union européenne, voit dans la culture un puissant levier de croissance et de stabilité. « La culture occupe une place capitale dans la société burkinabè. C’est tout naturellement que l’Union européenne œuvre aux côtés du gouvernement et des divers acteurs à promouvoir les arts comme vecteur de développement social durable » a souligné son chef de coopération au Burkina Faso, Marc Duponcel.

Marc Duponcel, Chef de la Coopération de l’UE au Burkina

Citant l’accompagnement de l’UE au FESPACO, à la Semaine nationale de la culture (SNC) et au Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) entre autres, M. Duponcel a réaffirmé la volonté européenne de renforcer le partenariat Africa-Europe pour la culture, couvrant 15 pays. Car dit-il, « un nouvel imaginaire créatif au Sahel passe nécessairement par une meilleure structuration et une dynamisation de la culture », mettant en avant le rôle des REMA dans la professionnalisation des acteurs et la création de passerelles économiques entre artistes et investisseurs.

Un levier de croissance salué par le gouvernement

Représentant le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Sy Christian Innocent Ouattara, directeur de cabinet, a salué l’initiative portée par Alif Naaba et son équipe, la qualifiant « d’acteur majeur de la structuration de l’industrie musicale africaine ». À en croire, les REMA traduisent la vitalité du réseau culturel africain et la capacité du Burkina Faso à demeurer une terre de création, de résilience et d’inspiration. Pour le représentant du chef du département en charge de la culture, l’industrie musicale constitue un vecteur économique stratégique, capable de générer des emplois, de stimuler le tourisme culturel et de participer à la diversification des revenus nationaux.

Sy Christian Innocent Ouattara, directeur de cabinet du ministre en charge de la culture

Il a également insisté sur la nécessité de réinventer le récit du Sahel, non pas comme une zone de fragilité, mais comme un espace de création et d’avenir, en valorisant les traditions musicales régionales. « C’est une terre de musique, de rencontres, de métissages où sont nés certains des plus grands courants musicaux du continent, de la musique du Mandingue à l’Afrobeat, du Makossa à la musique touareg » a-t-il fait savoir. Commentant le thème de l’édition 2025 des REMA, M. Ouattara a indiqué que celui-ci invite à un changement de regard, à une réinvention du récit du sahel, non pas « comme une zone de fragilité », mais comme un « espace de création, d’espoir et d’avenir ».

Derrière les notes et les rythmes, se joue en effet une dynamique de croissance inclusive, où la musique devient une ressource économique, une industrie exportable et un instrument de rayonnement régional. Au-delà des concerts et des échanges artistiques, l’événement participe à bâtir un nouvel imaginaire économique africain : celui d’un Sahel créatif, productif et ouvert sur le monde.

Par Léon Yougbaré

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