samedi 8 novembre 2025

Fiscalité : « Le Ghana perd l’équivalent de 3,9% de son PIB à cause des exonérations fiscales excessives » Dr Cassiel Ato Forson, ministre des Finances ghanéen

Le ministre des Finances ghanéen, Dr Cassiel Ato Forson, a tiré la sonnette d’alarme sur la nécessité de moderniser l’administration fiscale du pays afin de combler le déficit de conformité et d’améliorer la mobilisation des recettes. S’exprimant lors du Dialogue économique national, il a souligné que la collecte des recettes fiscales, notamment la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), accuse un retard important par rapport à d’autres économies de la région.

Une fiscalité sous-performante

Avec une mobilisation des recettes intérieures qui stagne depuis une décennie, les revenus fiscaux du Ghana ne représentaient que 13,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023, un taux bien inférieur à celui de ses voisins. Le ministre attribue cette contre-performance à des exonérations fiscales excessives, des inefficacités administratives et un faible niveau de conformité fiscale.

L’écart de collecte de la TVA illustre cette situation. Alors que l’Autorité fiscale du Ghana (GRA) visait une augmentation de 32 % des collectes de TVA en 2024, seuls 17 % ont été atteints, un chiffre en deçà du niveau d’inflation. Dr Forson a rappelé que les exonérations fiscales sur la TVA, l’impôt sur le revenu des personnes physiques et les droits d’importation représentent une perte de revenus équivalente à 3,9 % du PIB. L’exonération de TVA sur les logements et les terrains à elle seule constitue 33 % du total des exonérations fiscales.

Un appel à des réformes urgentes

Pour remédier à ces déficits, le ministre plaide pour une refonte de l’administration fiscale, une réduction des exonérations et des mécanismes de collecte plus efficaces. Il a dénoncé la complexité du système fiscal ghanéen, qui favorise les incohérences et entrave la mobilisation des recettes. Il a notamment pointé du doigt la suppression préélectorale de la TVA sur l’immobilier en 2023, une décision qui a entraîné d’importantes pertes de revenus.

Le ministre a appelé à une rationalisation du régime de TVA pour limiter les distorsions et garantir une meilleure collecte. Il a exhorté les parties prenantes à soutenir les efforts visant à rendre le système fiscal plus simple, efficace et équitable, condition indispensable à la mobilisation des ressources nécessaires pour financer le développement du pays.

Le secteur extractif, un potentiel sous-exploité

Un autre défi majeur relevé par le ministre concerne l’exploitation des ressources naturelles du Ghana. Bien que celles-ci représentent environ 14 % du PIB, les recettes fiscales issues des industries extractives ne dépassent pas 1,5 % du PIB. Un écart significatif qui révèle l’incapacité du pays à capter pleinement la rente économique de ses richesses naturelles.

Selon Dr Forson, cette situation résulte à nouveau des exonérations fiscales excessives et d’une administration fiscale inefficace. Il a insisté sur la nécessité d’une meilleure gestion des ressources naturelles afin d’accroître les revenus destinés aux infrastructures productives et au développement du capital humain.

Par Ouattara

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