mardi 11 novembre 2025

Forum investir au Burkina : « Nous ne prenons aucune garantie pour garantir un financement. (…) c’est essentiellement la qualité du projet que nous regardons », Alex Compaoré, Directeur de l’exploitation de la Société financière de garantie interbancaire du Burkina (SOFIGIB)

Dans le cadre de la première édition du Forum international Investir au Burkina Faso, qui a réuni à Ouagadougou décideurs publics, investisseurs, promoteurs privés et institutions financières autour des opportunités d’investissement dans le pays, la Société financière de garantie interbancaire du Burkina (SOFIGIB) a marqué sa présence. Institution clé du dispositif national de financement, la SOFIGIB joue un rôle déterminant dans la facilitation de l’accès au crédit pour les entreprises, en particulier les PME/PMI.

À l’occasion de ce rendez-vous économique, Alex Compaoré, Directeur de l’exploitation de la SOFIGIB, a pris part à la table ronde qui a réuni promoteurs privés et acteurs financiers. Dans cet entretien, il revient sur la mission et les produits de la SOFIGIB, partage son appréciation des projets présentés par les entrepreneurs burkinabè, et livre son regard sur le dynamisme et le niveau entrepreneurial de la jeunesse du Burkina.

Horonya Finance (HF) : Présentez-nous la SOFIGIB

Alex Compaoré (AC) : La SOFIGIB a été créée pour faciliter l’accès au financement des petites et moyennes entreprises à travers l’octroi des garanties. Notre métier, c’est essentiellement de faire de la garantie pour permettre à ces PME de pouvoir avoir du crédit pour développer leurs affaires. Vous savez, quand on a une PME et qu’on a un projet en quête de financement, de fois, c’est difficile d’avoir le financement parce qu’en face, il est tout le temps demandé des garanties avant d’accorder un quelconque crédit. Donc, notre rôle, c’est de faciliter l’accès au financement en regardant votre projet et si on trouve que votre projet est bon, est porteur, nous, nous pouvons nous prêter garant pour que l’établissement de crédit en face vous finance, pour que vous puissiez mener vos activités.

HF : Est-ce à dire que la SOFIGIB n’a pas besoin d’une quelconque garantie d’un porteur de projet pour l’accompagner à trouver un financement ?

AC : Non, aucune garantie. C’est essentiellement la qualité du projet qui nous intéresse, parce que justement notre objectif est d’aider à la création et au développement d’entreprises pérennes. Donc la pérennité, c’est quelque chose de très important et la pérennité va avec la qualité du projet. Ce qui est important de signaler, c’est que nous, nous ne prenons pas de garantie. Pour garantir, on ne paye à notre niveau que des frais de garantie qui sont minimes, à seulement 1,25% du montant du crédit.

HF : Quels sont donc les produits phares de la SOFIGIB ?

AC : Nous avons essentiellement trois services que nous offrons. Nous avons le tout premier service qui est l’étude et le montage de dossiers bancables que nous faisons à partir des plans d’affaires que les promoteurs nous soumettent. Nous les retoilettons pour les rendre bancables afin justement d’avoir de l’accompagnement auprès des banques. Ensuite, le deuxième service, c’est la garantie que nous donnons. Et le troisième service, c’est le suivi. Nous faisons ce qu’on appelle du suivi accompagnement et du suivi investissement. Parce que quand on garantit un projet, parce que nous ne prenons pas de garantie pour garantir. Nous sommes totalement avec le promoteur. Si le promoteur réussit, nous, nous réussissons puisque nous avons garanti le projet. Mais malheureusement, si ça ne marche pas, à terme, l’établissement de crédit va se retourner vers nous pour que nous nous remboursions le crédit. Du coût, nous devons suivre le projet pour que ça réussisse. Mais le suivi, ce n’est pas de l’immixtion dans la gestion, c’est juste du suivi pour s’assurer que les crédits sont bien utilisés.

HF : Comment appréciez-vous la tenue de cette première édition du forum investir au Burkina ?

AC : Nous l’apprécions de façon positive. Nous remercions les initiateurs, notamment la Chambre de commerce, l’ABI qui ont organisé déjà cet évènement et d’avoir pensé à nous inviter pour que nous venions communiquer avec les porteurs de projets. Cette occasion nous a permis en même temps de découvrir plein de projets qui sont très intéressants.

HF : Justement, y a-t-il des projets qui vous ont séduit ou attiré votre attention à la table ronde ?

AC : Il y a plusieurs projets qui ont attiré notre attention, notamment celui sur la bijouterie ou le recyclage des déchets organiques en biogaz. C’est des acteurs de ce genre que nous voulons accompagner, parce qu’ils portent des projets qui ont un fort impact socio-économique, notamment en termes de création d’emplois ou de lutte contre la pauvreté.

HF : En tant que structure qui accompagne la création et le développement des entreprises, quelle est votre perception du niveau entrepreneurial de la jeunesse du Burkina.

AC : Pour le cas des jeunes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat, ils le font soit de manière précipitée, soit de façon désordonnée. Ce qu’il faut faire quand on veut entreprendre, c’est de se former, d’apprendre ce qu’on veut faire et aussi de s’engager dans le métier parce que ce n’est pas facile l’entrepreneuriat. Les gens croient qu’on commence aujourd’hui et demain, on devient multimilliardaires alors que c’est tout un parcours. Et donc, dès qu’ils commencent aux premières difficultés, il y a des gens qui abandonnent. Il faut bien se préparer, bien se former, s’informer, surtout, connaître toute la batterie de dispositifs qui sont en place pour vous aider parce que l’État a mis en place tous les dispositifs pour aider les entrepreneurs au Burkina. Il y a l’appui-conseil, il y a la SOFIGIB, il y a les fonds de financement nationaux, il y a les fonds de bonification des taux d’intérêts, etc.

Interview réalisée par David Yaméogo

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