Le 19 décembre 2024, le Conseil d’administration du Fonds Monétaire International (FMI) a validé la deuxième revue de l’accord de facilité élargie de crédit (FEC) signé avec le Burkina Faso, ouvrant la voie à un décaissement immédiat d’environ 31,4 millions de dollars, soit l’équivalent de 24,08 millions de droits de tirage spéciaux (DTS). Cette tranche porte à 94,3 millions de dollars, ou 72,24 millions de DTS, le total du soutien financier accordé au pays dans le cadre de cet accord de 48 mois.
Cet accord, annoncé le 14 novembre 2024 entre les autorités burkinabè et les services du FMI, vise à soutenir l’économie du pays face à des défis multiples. En effet, selon le FMI, la situation sécuritaire et les conditions climatiques continuent de freiner la croissance économique et d’aggraver les conditions de vie des populations. La croissance du produit intérieur brut (PIB) en 2023 a été révisée à la baisse, passant de 3,6 % à 3,0 %, et devrait atteindre des niveaux modérés de 4,2 % en 2024 et 4,3 % en 2025.
L’instabilité liée à la sécurité a notamment affecté des secteurs clés, tels que l’extraction de l’or, tandis que l’inflation, poussée par la hausse des prix des denrées alimentaires, devrait atteindre 3,6 % en moyenne en 2024. Malgré ces difficultés, le FMI note que le déficit du compte courant devrait s’améliorer, passant de 8,6 % du PIB en 2023 à 5,2 % en 2024, soutenu par une augmentation des prix de l’or, bien que la production de ce métal précieux soit en baisse.
L’institution de Bretton woods affirme que les finances publiques du Burkina restent solides, soutenus par une collecte fiscale efficace. Le déficit budgétaire devrait ainsi diminuer, passant de 6,5 % du PIB en 2023 à 5,0 % en 2024. Toutefois, le secteur financier reste fragile, marqué par une diminution des fonds propres et une augmentation des prêts non performants.
Le FMI salue les progrès réalisés par les autorités burkinabè dans la mise en œuvre du programme économique. Sur les six critères de performance quantitatifs fixés pour la fin du mois de juin 2024, cinq ont été atteints. Les autorités ont également progressé sur cinq des sept objectifs structurels, bien que l’un des critères relatifs aux arriérés intérieurs n’ait pas été respecté dans les délais impartis. Un contrat de performance avec les entreprises publiques du secteur de l’énergie a été mis en place, et plusieurs mesures structurelles ont été ajoutées au programme, notamment pour améliorer la gouvernance et la transparence budgétaires.
Le FMI souligne que les autorités burkinabè sont déterminées à réduire progressivement le déficit budgétaire à 3 % d’ici la fin de l’accord. Pour y parvenir, elles prévoient une mobilisation accrue des recettes intérieures, tout en maîtrisant les dépenses. Cela inclut la gestion de la masse salariale dans le secteur public et des réformes dans le secteur de l’énergie. Il est également crucial de maintenir une marge de manœuvre budgétaire pour financer des dépenses sociales prioritaires.
Ces efforts s’accompagneront d’une gestion renforcée de la dette, notamment par l’apurement des arriérés gouvernementaux, et d’une stratégie d’emprunt prudente, afin de soutenir la stabilité économique du Burkina Faso tout au long de cette période d’assainissement budgétaire.
Par Amhed Coulibaly



