Le projet de loi de finances 2026 du Mali confirme l’orientation d’une politique budgétaire à la fois prudente et tournée vers le développement social. Tout en réajustant certaines allocations sectorielles, le gouvernement maintient son engagement à renforcer la résilience économique du pays à travers une gestion rigoureuse des dépenses publiques, l’appui aux services sociaux de base et la constitution d’une réserve budgétaire de stabilisation.
Selon les projections du projet de loi de finance 2026 rendu officiel, plusieurs ajustements sont opérés par rapport au budget rectifié de 2025. Les fonctions liées à l’« Ordre et sécurité publics » ainsi qu’à « Loisirs, culture et culte » connaissent des diminutions notables, conséquence de la non-reconduction des hausses exceptionnelles accordées au cours de l’exercice précédent. La fonction « Agriculture » voit également son poids relatif reculer, un effet combiné de la hausse globale des dépenses budgétaires et de la réduction des financements extérieurs sur certains projets agricoles.
Malgré ces ajustements, les secteurs régaliens conservent une place de choix. Les inscriptions budgétaires du ministère de la Défense sont fixées à 531,21 milliards FCFA contre 485,1 milliards dans la loi de finances initiale 2025, tandis que le budget révisé de 2025 avait atteint 554,1 milliards. De son côté, le département en charge de la Sécurité bénéficie de 192,5 milliards FCFA, en hausse par rapport aux 184,9 milliards initialement inscrits et 185,7 milliards révisés en 2025. Ces hausses traduisent la volonté des autorités maliennes de poursuivre les efforts en matière de sécurisation du territoire et de consolidation des capacités opérationnelles des forces armées, dans un contexte régional encore marqué par des défis sécuritaires persistants.
L’exercice 2026 prend également en compte des engagements structurants pour le secteur de la santé. Le gouvernement prévoit une enveloppe de 48,04 milliards FCFA destinée à poursuivre la transformation de certains centres de santé de référence en hôpitaux de district sanitaire et à financer la construction des hôpitaux régionaux initiée en 2025.
Par ailleurs, la création de nouveaux services publics s’accompagne d’une incidence financière globale de 2,7 milliards FCFA, à laquelle s’ajoute la généralisation des services subrégionaux pour 8 milliards FCFA. Ces dispositions traduisent la volonté de rapprocher davantage les services de l’État des citoyens et d’améliorer la qualité de l’administration publique.
Le projet de loi de finances 2026 confirme la priorité donnée aux secteurs sociaux et aux infrastructures de base. Les dépenses sociales et de développement prioritaires, qui englobent notamment l’éducation, la santé, la protection sociale, les routes, la décentralisation, le Fonds national d’appui aux collectivités territoriales (FNACT), les installations WASH (Eau, Assainissement et Hygiène) et la sécurité alimentaire, atteignent 763,5 milliards FCFA, contre 686 milliards en 2025.
La poursuite de la constitution d’une réserve budgétaire
Sur le plan de la gestion budgétaire, la constitution d’une réserve de gestion, introduite depuis 2018, sera reconduite pour l’exercice 2026. Cet instrument permet à l’État, selon l’exécutif, de conserver un pourcentage des crédits budgétaires afin de se prémunir contre d’éventuelles contraintes de trésorerie. Selon les estimations, cette réserve atteindra 41,34 milliards FCFA en 2026, contre 42,59 milliards initialement prévus en 2025, sur la base d’une rétention variant de 5% à 15% des crédits de paiement liés aux biens et services, transferts courants et investissements.
Par Léon Yougbaré



