lundi 10 novembre 2025

Microfinance au Burkina Faso : 34,67 milliards de FCFA de créances en souffrance au troisième trimestre 2024, soit un taux de 9,07 % sur une norme de 5%

Le dernier bulletin de la Direction de la surveillance et du contrôle des services financiers décentralisés révèle une radiographie nuancée de l’évolution du secteur de la microfinance au Burkina Faso. Le nombre de Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) a légèrement diminué, passant de 121 au deuxième trimestre 2024 à 120 au troisième trimestre, poursuivant une tendance observée depuis le début de l’année. Cette réduction structurelle intervient alors que le nombre de membres des SFD a progressé, atteignant 1 905 644 au troisième trimestre, contre 1 848 195 au trimestre précédent. La hausse des adhésions reflète un intérêt croissant pour ces institutions, malgré les fragilités du secteur.

Les dépôts et les crédits continuent d’afficher une dynamique haussière. Les encours de dépôts ont atteint 457,49 milliards de FCFA, marquant une progression par rapport aux 440,89 milliards enregistrés au trimestre précédent. Les crédits suivent la même trajectoire, avec un encours total de 382,39 milliards de FCFA, en hausse de 4,64 %. Cependant, cette croissance est assombrie par l’augmentation des créances en souffrance, qui s’élèvent désormais à 34,67 milliards de FCFA. Le taux de créances en souffrance s’est dégradé, atteignant 9,07 %, soit un niveau bien supérieur à la norme réglementaire fixée à 5 %. Cette situation met en lumière les risques pesant sur la viabilité du secteur.

La rentabilité et l’efficience opérationnelle restent des défis majeurs. La rentabilité des fonds propres s’est améliorée à 3,07 %, mais demeure loin de la norme de 15 %. Le rendement sur actif atteint 0,61 %, contre une attente de 3 %, tandis que la marge bénéficiaire est passée de 7,14 % à 5,59 %. Par ailleurs, le coefficient d’exploitation a progressé à 69,66 %, traduisant une détérioration de l’efficience dans un contexte où la norme est fixée à 60 %. Ces indicateurs soulignent les difficultés des SFD à générer des bénéfices suffisants et à contrôler leurs coûts.

La conformité aux ratios prudentiels montre également des faiblesses persistantes. Seules 5 institutions respectaient l’ensemble des ratios réglementaires au troisième trimestre, contre 7 au trimestre précédent. Celui concernant les principaux ratios est resté quasi stable à 27,52 %. Ce constat reflète les efforts insuffisants du secteur pour aligner ses pratiques sur les exigences prudentielles, un enjeu crucial pour la stabilité du système.

Le secteur de la microfinance au Burkina Faso se trouve donc dans une situation ambivalente. Si l’augmentation des dépôts et des crédits traduit une certaine résilience, les indicateurs de rentabilité, de gestion des risques et de conformité réglementaire pointent vers des défis structurels. Pour surmonter ces fragilités, une mobilisation accrue des acteurs, accompagnée de mesures de régulation et de gestion renforcées, s’impose afin de consolider l’impact de la microfinance sur l’économie burkinabè.

Par la rédaction

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