Au troisième trimestre 2024, le taux d’inflation dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) s’est établi à 4,1 %. Ce niveau s’explique principalement par l’accélération des prix des produits alimentaires.
L’évolution du niveau général des prix au sein de l’UEMOA, comparée à l’année précédente, a affiché une moyenne de 4,1 % au troisième trimestre 2024. Par rapport au trimestre précédent, cette tendance reste stable. Cette hausse est essentiellement due à l’augmentation des prix des produits alimentaires (+6,1 %), malgré des décélérations dans les composantes « transport » (+0,5 %) et « restaurants et hôtels » (+3,4 %).
Le renchérissement des produits alimentaires dans l’Union s’explique par la faiblesse de l’offre de denrées de grande consommation, notamment les légumes, les céréales, les tubercules et les produits de la pêche. Cette situation résulte essentiellement des perturbations des circuits d’approvisionnement liées à la persistance de l’insécurité. Par exemple, les prix des céréales ont progressé de 12,8 % au troisième trimestre 2024, contre une hausse de 9,0 % le trimestre précédent. Les légumes, les tubercules et les produits de la pêche ont également vu leurs prix augmenter au cours de la même période. En revanche, les prix du sucre ont diminué de 2,0 %, sous l’effet de la baisse des cours internationaux.
La décélération de 0,5 % des prix dans le secteur « transport » s’explique par la baisse des prix des carburants et lubrifiants, ainsi que par une augmentation modérée des tarifs de transport routier, favorisée par la diminution des prix des carburants au Niger. Dans les autres pays, les prix des carburants sont restés stables dans un contexte de ralentissement des cours mondiaux du pétrole. Quant à la fonction « restaurants et hôtels », la décélération de 3,4 % résulte d’un ralentissement des hausses tarifaires dans les services d’hébergement et les établissements de restauration.
Taux d’inflation sous-jacente
Le taux d’inflation sous-jacente, qui s’élevait à 2,6 % au deuxième trimestre, est ressorti à 2,5 % au troisième trimestre 2024. Ce recul est lié au ralentissement des prix de certaines denrées alimentaires incluses dans l’indice sous-jacent, notamment le lait et le sucre, ainsi qu’à la décélération des prix des produits non alimentaires, tels que les services d’hébergement et de transport.
Les prix des produits frais ont progressé de 8,1 %, en raison du renchérissement de certains produits alimentaires comme les tubercules et les céréales non transformées. Les prix des produits énergétiques ont également augmenté de 5,5 %, bien que cette hausse reflète un ralentissement dû à la baisse des prix des carburants et lubrifiants.
Analyse par pays
Au niveau national, les prix ont accéléré au Mali (+5,7 %), au Burkina Faso (+5,4 %), en Guinée-Bissau (+3,9 %), au Togo (+3,8 %) et au Bénin (+2,2 %). En revanche, une décélération a été constatée au Niger (+10,9 %) et en Côte d’Ivoire (+3,8 %). Au Sénégal, les prix ont même reculé de 1,1 % au troisième trimestre 2024.
Compétitivité extérieure
Le taux de change effectif réel (TCER) a progressé de 8,8 % au troisième trimestre 2024, comparé à la même période en 2023, après une hausse de 12,9 % au deuxième trimestre. Cette évolution, traduisant une perte de compétitivité pour l’Union, reflète une appréciation du taux de change effectif nominal de 12,2 %, atténuée par un différentiel d’inflation favorable de 3,0 points de pourcentage (pdp).
Sur les neuf premiers mois de 2024, le TCER a progressé de 10,5 %, marquant une perte de compétitivité liée à une hausse du taux de change effectif nominal de 14,6 %, partiellement compensée par un différentiel d’inflation favorable de 3,6 pdp. Cette progression reflète notamment l’appréciation du franc CFA par rapport au naira, au cedi ghanéen et à la livre turque.
Malgré ces évolutions, l’UEMOA conserve 57 % des gains de compétitivité obtenus grâce au changement de parité de janvier 1994. À fin septembre 2024, l’Union affichait un gain net de compétitivité de 20,1 % par rapport à 1993, contre 35,3 % à fin décembre 1994.
Le taux d’inflation dans l’UEMOA s’est établi à 4,1 % au troisième trimestre 2024, contre une moyenne de 7,4 % dans les pays partenaires. Cependant, des niveaux d’inflation très élevés ont été observés chez certains voisins limitrophes, notamment au Nigeria (32,8 %) et au Ghana (20,9 %).
Par Bernadette W.Gansonré



